Souffrance au travail – Point de vue d’un psychologue

Les signes les plus alarmants et qui doivent être pris au sérieux sont : 

– l’épuisement physique et/ou psychique, les  angoisses, l’insomnie, les phobies

– une impression de déchoir, de ne pas être à la hauteur qui peut déboucher sur des idées noires

– un sentiment dépressif.

D’autres symptômes plus diffus doivent aussi alerter. 

Cela peut-être un sentiment de vide intérieur, de ne pas exister pour soi-même, de fonctionner machinalement.

 Ceci peut s’apparenter à un sentiment de futilité de l’existence ce qui est un élément inquiétant.

 Il faut en prendre conscience rapidement.

Tous ces signes indiquent un mal-être. Il faut rechercher des points d’appui,  juridique,  mais aussi psychologique auprès d’un psychologue. C’est ce que propose l’association Souffrance au Travail 34.

2. Les causes de la souffrance au travail

Aujourd’hui, les entreprises sont toutes prises dans une course sans fin ni limite au profit et à l’image la meilleure. Tout doit aller toujours plus vite et mieux.

 Et  les limites des êtres humains ont tendance à être considérées dans ce cas comme une faiblesse.

Même dans le service public, tout vise une logique commerciale ou de communication par des images pour mieux éblouir, avec des « chiffres », à l’appui.

Cela est fait au détriment de tout ce qui n’a pas une valeur d’usage à cela (l’amitié, la camaraderie, la famille, l’esprit de corps  entre les personnes d’un même métier ou d’une même entreprise.

 Au contraire, toutes ces valeurs sont  mises à mal.

2.2. La définition des métiers et des missions devient de plus en plus flous. Dans le secteur privé mais aussi public,  on assiste prolétarisation des métiers, y compris pour les cadres. Tous les employés se fondent peu à peu en une masse indistincte d’individus d’employés corvéables à merci pour toute tâche utile à l’entreprise. Les spécialités s’effacent et avec eux et chacun se retrouve en concurrence avec ses collègues, dans la souplesse et adaptabilité.

2.3. L’organisation du  travail  de plus en plus confisquée par une équipe de personnes « éclairées ». Cette  « équipe »  souvent délocalisée qui décident pour les autres n’est pas en contact direct avec les employés qui « produisent » le travail.  Elle définit l’organisation sur des tableaux Excel,  des cahiers des charges, d’après des statistiques, calculés avec des ordinateurs. Et certains modes opératoires peuvent s’avérer intenables.

Conséquences :

1. L’employé n’a plus la marge de liberté pour organiser son travail comme il l’entend. Le penser,  se l’approprier, le pratiquer « à sa main ». Pourtant cette liberté est indispensable à l’être humain. Sans cela, le travail devient déshumanisant.

Souvent, il  n’a pas de vision globale de son travail. Cela explique pourquoi beaucoup de cadres reviennent à des métiers de l’artisanat sur lequel ils « ont la main sur tout » tout le processus du travail.

2. Si le temps moyen pour la fabrication d’un produit  ou pour accomplir un service devient une norme rigide, l’employé se retrouve dans une double contrainte :

Ou il ne respecte pas les règles de l’entreprise pour bien faire son travail ;

 Ou il passe moins de temps au risque de mal faire son travail.

 Il se retrouve alors en conflit avec lui-même.

3  Psychologisation des situations

La souffrance psychologique au travail est perçue comme un problème personnel. Implicitement, l’environnement, le milieu dans lequel on travaille aurait peu  d’impacts sur les personnes.

Les souffrances psychiques n’auraient que des causes personnelles et  le cadre de travail n’aurait pas être remis en question.

C’est la psychologisation des situations: s’il y a une souffrance, c’est la personne qui est fragile, pas l’entreprise qui a engendré le problème. Ceci  est majoritairement faux.

Et réagir dans ce cas est un signe de santé mentale. Se soumettre à cela, serait entrer dans une logique  « folle » et fausse.

Il existe des lois du travail, des conventions collectives, il faut les consulter, faire appel à quelqu’un qui les connaît.

Car heureusement, la législation évolue même si c’est lent et compliqué. Il devient possible que le caractère professionnel du burn-out  soit reconnu. 

Il est possible que dans certaines entreprises, les responsables n’arrivent pas à définir l’origine d’un mal-être ambiant.

Des psychologues du travail interviennent dans les entreprises pour faire des audits, il faut le savoir.

Il en existe à l’association Souffrance au Travail 34.

 Comment s’en sortir

1 .Tout d’abord ne pas rester seul.

L’association Souffrance au Travail 34 est un recours.

 Elle saura vous orienter vers les professionnels compétents.

Dans un premier temps, parler de sa situation de souffrance soulage. Même si c’est d’abord pour des conseils et des informations sur le code du travail et les lois.

Vous vous adressez à des professionnels non impliqués affectivement comme des proches qui pourraient ou que l’on craint de faire souffrir ou de se sentir humilié face à eux.

C’est un premier pas important.

Un soutien psychologique permet ensuite de mieux comprendre la situation dans laquelle on est pris   Le regard des autres, la famille, les amis, les voisins  peut nous obliger à  nous faire accepter des situations intenables.

Mais il faut savoir que certains aspects de la société sont malades ou dysfonctionnels. Il n’y a pas toujours de bonnes raisons de s’adapter. Un sursaut encore une fois est un signe de bonne santé mentale. Sans quoi, la soumission pourrait nous faire accepter de faire n’importe quoi.

Dans notre vie, il y a  ce qui constitue pour soi une vie satisfaisante, qui nous donne le « sentiment que la vie vaut la peine d’être vécue » a écrit Winnicott, psychiatre et psychanalyste, à propos de la pulsion créative.

 Cela englobe la pratique artistique au sens le plus large du terme. La cuisine, le jardinage, bricoler, aller chez le coiffeur ou fabriquer un étage implique une part de créativité. Cela comprend aussi le regard que l’on porte sur le monde. Lire des romans policiers ou des informations scientifiques, apprécier de la musique, voir des films que l’on aime ou visiter une exposition nourrit notre for intérieur et nous enrichit. Cela s’étend plus à tout qui nous attire et qui nous donne des satisfactions.

 Cela aide à redonner du sens à la vie,  reprendre confiance dans ses capacités à avoir une certaine maîtrise sur son existence.

Note :

Pour les entrepreneurs en grande détresse psychologiques (dépôt de bilan, liquidation judiciaire, etc.), il existe l’association APESA  qui propose une aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë. Il s’agit souvent de patrons de PME dont l’entreprise est familiale et qui ont le sentiment de déchoir en mettant en difficulté de leur famille.

Paul Barry, psychologue clinicien à Montpellier  https://psychologue-montpellier-juvignac.fr

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